L'effet toboggan : victime sans le savoir : 40% des femmes traumatisées par leur accouchement, POURQUOI ?

En standardisant les protocoles à toutes les femmes, on a fini par prendre en charge tout le monde la même manière et les accouchements à bas risque sont devenus parasités par toute une série de gestes médicaux qui créent des problèmes alors qu’ils sont au départ censés les prévenir.


L’effet toboggan : nous en sommes (presque) toutes victime, sans le savoir


On a emprisonné les femmes et leurs bébés dans un système qui crée des problèmes pour devoir les résoudre ensuite. Ceci est un non-sens, pourtant c’est le quotidien des naissances actuellement.


Comment cela est-il possible ? Et si vous aviez été victimes de l'effet toboggan ? et au fait, c'est quoi l'effet toboggan ?



Dans cet article, je vous partage mon expérience lors de mon premier accouchement. Sans le savoir, j’ai été victime de l’effet toboggan mais comme je n’en avais jamais entendu parler, j’ai pensé que JE N’AVAIS PAS ÉTÉ CAPABLE D’ENFANTER « comme les autres » et que mon corps n’avait pas été compétent.


Si on s’intéresse à la médicalisation des naissances, on est forcément obligé de parler de l’effet toboggan. On l'appelle comme ça parce qu’on peut visualiser vraiment un toboggan dans lequel vous avez plusieurs portes d'entrée. Souvent, malheureusement, la dernière étape de l’effet toboggan est la césarienne (code rouge ou pas). J'en parle dans ma prépa en ligne à l'accouchement.


Je remarque que de plus en plus de mamans subissent une césarienne alors les feux étaient au vert et que l’accouchement avait commencé «normalement» (accouchements à bas risque).


Mais alors, pourquoi ? Est-ce que l’effet toboggan en serait la cause ?


Quand j'ai accouché de ma première fille en structure hospitalière j'ai de justesse échappé à la césarienne en bout de course mais par contre j'ai eu droit à toutes les autres interventions...

Le déclenchement de l'accouchement

Le déclenchement est une des portes d’entrée les plus redoutables sur l’effet toboggan.


Il y a 2 façons principales de déclencher un accouchement :


1. En appliquant un gel intra cervical à base de prostaglandines au fond du vagin ; on va espérer que ça va ramollir et faire mûrir le col.


2. Avec de l'ocytocine de synthèse (si possible quand le col est déjà plutôt mûr). Cette molécule synthétique «imite les contractions» mais ce qu’on ne dit pas à la maman, c’est que ça va créer des contractions plus fortes et intenses que des contractions naturelles.


Les contractions induites par le déclenchement sont donc plus fortes et plus douloureuses que les contractions naturelles et il est impossible de savoir à l’avance comment la maman et le bébé vont réagir au produit.


Dans ces conditions, même les femmes qui souhaitaient un accouchement naturel (ou retarder plus possible un soulagement de la douleur) demandent la péridurale parce qu'elles n'en peuvent plus.


Rappelons une chose importante: le bébé s’oxygène PENDANT LES PAUSES, entre les contractions. Lors de la contraction, il utilise ses réserves d’oxygène.

Dans le processus naturel, le temps de pause est supérieur au temps de contractions (sur la durée totale de l’accouchement).


Quand les contractions sont induites, le temps de pause est très diminué (voire inexistant selon les moments) et le bébé peut se retrouver en manque d’oxygène et donc montrer des signes de détresse foetale, alors que c’est justement ce qu’on est censé prévenir pour une naissance sécuritaire !

La péridurale: une porte d’entrée sur l’effet toboggan ?

Dans l’immense majorité des cas, la péridurale crée une perte de mobilité car la maman est « clouée au lit » et ne peut plus utiliser ses jambes.


Cette perte de mobilité va empêcher la mère d’utiliser la gravité comme une FORCE POSITIVE et activer la dilatation du col de l’utérus.


En effet, c’est la tête du bébé qui appuie sur le col pendant une contraction qui fait que celui-ci se dilate.


La maman qui est clouée au lit sur le dos est ensuite connectée à un monitoring, ce qui augmente encore l’immobilité à cause de la machine qui la relie avec les fils (certains hôpitaux ont des monitoring «portables» mais de nombreuses mamans dénoncent qu’en pratique, il arrive que les batteries ne soient pas optimales et que cela ne fonctionne pas toujours bien à cause de la connexion wi-fii nécessaire pour que les données soient communiquées à la salle des sages-femmes).


Comme je vous l'explique dans ma prépa en ligne à l'accouchement :

Immobilité = perte de l’utilisation de la gravité = travail plus lent et plus douloureux


Comme la maman ne sent plus ses sensations et est maintenant dépendante des molécules de synthèse, on va contrôler l'état de son col pour voir où en est l’avancée de son travail (par un toucher vaginal).


Une fois que la mère est à dilatation complète (10 cm) on va lui dire que c'est le moment de pousser, sans laisser de temps de pause.


Bon à savoir :

Il y a des femmes qui ont (quand on ne touche à rien) des pauses qui peuvent varier de quelques minutes à quelques heures à partir du moment où elles sont à dilatation complète.


Pendant ce moment-là, il y a comme un temps qui est suspendu : il n’y a plus de contractions, c'est comme une « pause magique ». Certaines femmes peuvent même s'endormir sous l'effet des endorphines qu'elles produisent (la "péridurale naturelle" sécrétée par le cerveau en cours de travail actif).

La poussée dirigée

La poussée dirigée est extrêmement forte puisque la femme respire, bloque avec la force de l'air et pousse son bébé en bas.


Malheureusement, il n'y a pas que le bébé qui va descendre ! il y a tout un tas d'organes, de viscères et de tissus qui vont descendre aussi… cela crée en plus beaucoup de pression inutile et néfaste sur le périnée (qui n’est pas malmené ainsi dans un processus naturel).


Je m’en souviens encore pour ma première fille : j’étais sur le dos avec la péridurale, le monitoring, les voies veineuses et tout le « tralala ».

Je me souviens avoir vraiment bloqué et poussé tout ce que je pouvais !


On m'a dit de tenir mes jambes en arrière contre moi et à ce moment-là j'étais devenue une «machine à pousser» : on m'a dit «énervez-vous, Madame !»


Dans un accouchement naturel, la femme vit une "poussée réflexe", ce qui est complètement différent (je vous en parle dans ma prépa en ligne à la naissance !) : en fait, "ça pousse tout seul " !


La gravité ? Impossible de l’utiliser, allongée dans un lit ! De plus, la position allongée sur le dos fait que les gros vaisseaux sont comprimés (notamment la veine cave), et cela affecte aussi la bonne oxygénation du bébé… décidément !

L'épisiotomie et les instruments

Revenons à mon premier accouchement … et de la suite de mon expérience sur l’effet toboggan.


Je n’avais pas de douleur, évidemment, car je ne sentais rien avec la péridurale, mais à un moment donné, une sage-femme a déboulé dans ma chambre et m'a dit : « si maintenant votre col ne se dilate pas plus vite que ça, ça va finir en césarienne parce que le bébé fatigue et ne supporte plus les contractions. »


Pourquoi mon bébé fatiguait ? Et bien parce que l'hormone de synthèse avait créé des contractions beaucoup trop fortes depuis beaucoup trop longtemps. Mon col ne se dilatait pas à cause du manque de mobilité.


Par miracle, mon col a fini par se dilater jusqu’à 10 cm, mais malgré mes efforts pour pousser «comme il faut alors qu’on ne sent rien», l’obstétricien a dû utiliser une ventouse car je ne poussais pas assez fort (bref, on sous-entend que la mère « pousse mal », cela est souvent rapporté dans les témoignages de mamans) et j’ai aussi eu droit à une épisiotomie, sans qu’on me demande mon avis.


Dans le milieu médical, on justifie encore l’épisiotomie comme une intervention utile pour «prévenir les déchirures», alors qu’elle est l'équivalent d'une déchirure au deuxième degré et qu'elle favorise justement les déchirures du troisième et du quatrième degré !

La césarienne en bout de course...

Dans des conditions pareilles, on comprend mieux pourquoi tant de mamans sont traumatisées par leur accouchement (d'après les données officielles, 40% des mères parlent d'un souvenir traumatique concernant leur accouchement).


Pour certaines, la césarienne vient clôturer ce moment, qu'elle soit pratiquée en urgence ou pas. Le foetus est "en détresse" d'après les machines (monitoring) ou la mère n'arrive plus à pousser, tellement son corps est sollicité.

Comprendre ENFIN son histoire pour se sentir capable

Nous sommes nées et avons grandi dans un système dont les fondements sont inversés.


Le geste médical, au départ réservé aux cas pathologiques, est devenu la norme en matière de grossesse et d’accouchement.


Les machines et la technologie ont tellement pris de place dans notre quotidien qu’il est presque impensable pour une femme qu’elle puisse mettre au monde son bébé toute seule. Accoucher sans péridurale ? Impensable. Sans monitoring continu ? De la folie. Debout ou à quatre pattes ? C’est dans un lit qu’on accouche, voyons !


Écoutez les femmes parler entre elles. Les expressions que vous entendrez reflètent la programmation que nous avons toutes subies au fil des générations : «le médecin qui m’a accouchée», «l’hôpital qui m’a prise en charge», «la sage-femme qui a fait mon accouchement». On a appris aux femmes qu’elles devaient dépendre du monde médical pour assurer la sécurité de leur bébé.


Mon message aux mamans à qui on a «volé» leur accouchement: vous n’êtes pas coupables !


Vous avez fait confiance, mais le système vous a trahies.


Certaines fois par ignorance, d’autres fois par abus de pouvoir. Quoiqu’il en soit, comprendre réellement ce qu’il s’est passé vous permettra de faire la paix avec votre histoire.


Connaître les coulisses des gestes médicaux permet de sortir de la croyance que « l’autre sait mieux que moi ».


Ecrit par

Ema Krusi



NewSight Magazine Interviewe Ema Krusi

Comment se déroule un accouchement et quelle disposition prendre pour que tout se passe pour le mieux ?


Dans cette optique, l'équipe NewSight est partie interviewer Ema Krusi qui a récemment écrit un livre sur la naissance physiologique.


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